Aux multiples facettes |
Un personnage d'exception... aux multiples facettes Contrebassiste, pédagogue et directeur de conservatoire, conférencier, chef d'orchestre, compositeur, il consacra sa vie à la défense de la Musique et des musiciens. Né le 2 janvier 1912 dans le petit village lorrain d'Arnaville, dans une famille de musiciens amateurs, il commence dès sept ans l'étude du violon. Mais la contemplation des colonnes Morris où s'affichent les programmes des représentations du Théâtre National de l'Opéra fait naître en lui le désir inéxorable de devenir musicien à part entière et d'accéder à cette grande maison. Fortuitement, il vient à travailler la contrebasse qui devient son instrument de prédilection. Très vite, il acquiert les qualités qui lui permettent l'accès au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris dans la classe d'Edouard Nanny, où il obtient un premier prix, premier nommé en 1934. Enfin en 1937, il réalise son désir et entre à l'Orchestre de l'Opéra de Paris, faisant l'unanimité sur 16 candidats. De 1932 à 1939, c'est pour lui la grande époque où il fréquente les orchestres : Pasdeloup, Lamoureux, la Société des Concerts. Il joue sous la direction de chefs prestigieux : Bruno Walter, Toscanini, Wilhelm Fürtwangler, Albert Wolf et Paul Paray. Pénétrant dans ce royaume fabuleux de la Musique symphonique et lyrique, les ambitions d'André Amellér prennent une autre dimension. Entré dans la classe de direction d'orchestre de Philippe Gaubert, il y obtient un prix en 1938. Mobilisé en 1939 et fait prisonnier, il ne reprend ses études au CNSMP qu'en 1942. Il reçoit un prix d'Histoire de la Musique en 1946 dans la classe de Norbert Dufourcq et en 1947 un premier prix de composition musicale élève successivement de Roger Ducasse et de Tony Aubin : l'éminent jury présidé par Claude Delvincourt et composé de Florent Schmitt, Louis Fourestier, Georges Enesco, Arthur Honegger, Marcel Mihalovici, Darius Milhaud l'a reconnu comme l'un de ses pairs. Son vieux rêve peut alors s'accomplir. Il est nommé en 1953 directeur du Conservatoire de Musique de Dijon, ce qui lui permet de faire de cette petite école de Musique avec 10 professeurs et quelques 170 élèves un Conservatoire National de Région en 1977 avec 50 professeurs et plus de 1500 élèves. De ce Conservatoire, véritable pépinière de musiciens, sortent une cinquantaine de premiers prix du CNSMP qui font de brillantes carrières grâce au soutien constant, à l'aide pédagogique et aux conseils précieux de leur directeur. Celui-ci suscite la création d'écoles municipales de musique dans trois départements voisins de la Côte d'Or, favorise l'implantation d'un enseignement musical dans les écoles primaires et contribue à la création de la chaire de musicologie à l'Université de Dijon. Il fait rayonner le Conservatoire non seulement à Dijon et en Bourgogne, mais aux quatre coins de l'Europe et du Monde. Dès son arrivée à Dijon, il recrée la Société des Concerts dont il est le président chef d'orchestre durant presque trois décennies. Il sait modeler cette pâte orchestrale au gré de sa forte personnalité mêlant dans ses programmes les oeuvres classiques aux oeuvres contemporaines : 135 créations françaises, 64 étrangères. Des chefs étrangers invités ouvrent à l'orchestre d'autres horizons, de même que la participation aux concerts des plus grands artistes français et étrangers de l'époque. André Amellér, pélerin de la musique française, prend aussi souvent sa baguette et ses partitions pour aller diriger de grandes formations de par le monde. Il se passionne également pour la musique amateur, ses harmonies et ses fanfares et est le dynamique président départemental (1953-1981), puis national de la Confédération Musicale de France (1977-1983). Pédagogue, il est chargé de cours de composition et d'Histoire de la musique au Conservatoire. Il est l'un des pionniers de l'ISME (International Society for Music Education), vice-président de 1972 à 1976 et délégué général représentant la France de 1968 à 1982, coordinateur du congrès international de l'ISME qui a lieu à Dijon en 1968 avec 3000 participants de 45 pays. Son plus grand bonheur était de composer : il écrivait avec facilité, à n'importe quel moment, dans n'importe quel endroit, aussi bien dans le train que dans l'avion, soumis à son impulsion, à son inspiration, ou à une obligation précise de création. L'étiquette de compositeur était celle qui lui donnait le plus de satisfaction, voire d'orgueil. Sa musique, fécondée et nourrie de classissisme, de géographies humaines, traversée d'exotisme, mais ne dédaignant pas la recherche sonore ou rythmique allant parfois jusqu'à l'agressivité, s'est forgée dans le creuset de sa sensibilité pour être à la dimension de ses impressions, de ses visions, de ses sentiments, de ses passions. Son inspiration a été motivée au gré de ses confrontations, de ses rencontres, de ses besoins professionnels (par exemple toutes ses musiques de scène écrites pour la Comédie de Bourgogne, ou les pièces composées pour la classe d'orchestre du Conservatoire). Musique de contrastes, elle porte le sceau profond de l'homme, de sa personnalité, de son caractère et de sa vie. Membre définitif de la SACEM en 1963, André Amellér laisse ce catalogue de 381 oeuvres recouvrant tous les instruments et tous les genres. Homme de terrain "musical", il a eu une vie débridée dans l'espace comme dans le temps. Esprit curieux, toujours prêt à oeuvrer et à se battre pour la Musique et pour les musiciens, il a mené de front des activités multiples; outre celles déjà citées, il a été au fil des ans : directeur des études de l'Académie Internationale d'Ete de Nice en 1959, 1967, 1968, et directeur adjoint en 1973, membre du Conseil d'Administration de l'Association Européenne des Directeurs de Conservatoires, Ecoles Supérieures et Académies de Musique pendant de nombreuses années, président de l'Ordre National des Musiciens, membre de la commission Musique de la Fondation de France, président de l'Oeuvre des Vieux Musiciens, président des Anciens Eleves et Elèves du CNSMP de 1983 à 1987. Très sollicité par ses diverses fonctions et conscient du rôle bénéfique qu'il peut jouer, il écrit de nombreux articles et fait de multiples conférences sur la musique et les musiciens français tant en France qu'à l'étranger. Très apprécié, il était invité chaque année à des jurys français et internationaux. André Amellér était Officier de la Légion d'Honneur (1978), Commandeur de l'Ordre National du Mérite (1975), Commandeur des Palmes Académiques (1981), Chevalier des Arts et Lettres (1960), Médaille de Vermeil de la Ville de Paris (1987). Il est décédé le 14 mai 1990.
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