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Conséquences paléotectoniques de la découverte de l’âge jurassique supérieur d’une partie de la couverture ouest du massif du Pelvoux. Téléchargez le document original au format pdf (0,3 Mo)
GÉOLOGIE. — Conséquences paléotectoniques de la découverte de l’âge jurassique supérieur d’une partie de la couverture ouest du massif du Pelvoux.
La reconnaissance d’une extension accrue des affleurements de Malm conduit à mettre en évidence une importante lacune et la réduction progressive de la série anté-Malm du massif du Rochail-Lauvitel, qui représente l’un des blocs basculés crées par la distension jurassique dans les Alpes occidentales. GEOLOGY. — Upper Jurassic Age of a Part of the Sedimentary Cover in the Western Pelvoux Massif, its Paleographic Implications. New fossil discoveries in the mesozoic cover of the Rochail Lauvitel unit in the western Pelvoux massif aliow us to characterize an important gap in the sedimentation and a progressive decrease in the thickness of the pre malm series. This unit represents one of the tilted blocks belonging to the Jurassic tensional tectonic in the Western Alps. Dans le massif du Pelvoux, le Malm n’était connu que très localement, d’une part à l’Ouest de Briançon (Callovo-Oxfordien au lac de l’Eychauda et aux Têtes de Sainte-Marguerite) et, d’autre part, au Sud de Bourg-d’Oisans (Pic du Grand-Renaud). Lors du lever (J.-C. Barféty) de la feuille La Mure au 1/50000, dans la région du Signal du Lauvitel, au Nord de Valsenestre et à l’Est du Périer d’Entraigues, la datation des récoltes paléontologiques 1 conduit à rapporter au Malm une partie importante de la série stratigraphique antérieurement attribuée en totalité au Lias et à reconnaître de ce fait une extension notablement accrue du Jurassique supérieur (fig. 1).
1. PRÉSENCE DU MALM DANS LES VERSANTS SUD ET OUEST DU SIGNAL DU LAUVITEL. Les terrains sédimentaires affleurent là dans un synclinal orienté N-S à N’W-SE et dont le flanc oriental est chevauché par le socle (fig. 2). (a) La coupe du lac Labarre montre, sur le Sinémurien-Lotharingien (Echioceras de la zone à Raricostatum), un niveau de calcaires à entroques et de calcaires noduleux massifs et clairs (un Phylloceras sp. de l’Oxfordien ?); suivent 100 m au moins de schistes noirs, à petits bancs brunâtres souvent boudinés et nodules noirs, datés de l’Oxfordien inférieur par Perisphinctes (Otosphinctes) sp. gr. moeschi de LOR, et Perisphinctes (Prososphinctes) sp. de la zone à Cordatum ; ils sont surmontés par des marno-calcaires ocreux en bancs de 30 cm à délits schisteux noirs avec Perisphinctes (Dichotomosphinctes) gr. rotoïdes-antecedens (zone à Plicatilis) de l’Oxfordien moyen (20-30 m); viennent ensuite des bancs gris qui s’épaississent (50-80 cm) et contiennent localement des silex (Oxfordien supérieur à Kimméridgien ?); ils passent à des calcaires plus massifs parfois noduleux comparables aux calcaires tithoniques du Pic du Grand-Renaud. (b) La coupe des Rochers du Paletas, plus au Nord (entre le Lac Labarre et le Neyrarel) (fig. 2), montre une série assez proche mais où les conditions d’affleurement permettent de constater la discordance de l’Oxfordien et des calcaires du Malm sur les calcaires à entroques et les calcaires noduleux sous-jacents, eux-mêmes discordants sur le Sinémurien; tandis que du côté ouest (vers Confolens), la série comporte encore des marnes du Bajocien supérieur (zone à Garantiana), transgressives sur un Toarcien (zone à Thouarsense) et un Domérien déjà très minces, on voit vers l’Est les schistes oxfordiens devenir de moins en moins épais. Cette réduction témoigne de l’existence d’une paléopente inclinée grosso modo vers l’Ouest. (c) Dans les versants ouest et sud du Signal du Lauvitel, au flanc est de la structure synclinale, les variations sont encore plus nettes (en dépit de replis, liés au chevauchement du socle, qui rendent difficile la coordination entre les coupes) (fig. 2), Des Rochers de la Grande Église à la Brèche du Lauvitel, les niveaux calcaires du Malm supérieur (et du Néocomien?) reposent directement sur le Sinémurien, qu’ils ravinent de plus en plus du NW vers le SE, puis sur un Trias réduit ou même sur le socle. Le contact de ces calcaires sur le Sinémurien se fait soit par un niveau de calcaires à entroques et de calcaires noduleux (10-15 m) non datés, soit banc sur banc avec localement un ravinement ou une bréchification du dernier banc sinémurien (avec une matrice argilo-siliceuse noire qui, bien que peu volumineuse, évoque les schistes oxfordiens). Lorsque le Sinémurien a été complètement érodé, on trouve entre ces calcaires clairs et le Trias (réduit à quelques mètres de dolomies brunes) une mince brèche à éléments dolomitiques et cristallins avec ciment calcaire; celle-ci peut s’épaissir et contenir alors des blocs de grande taille, de dolomies et spilites du Trias, cimentés par des calcaires à débris (ceci sur 15 à 20 m d’épaisseur). Au voisinage des secteurs offrant ce type de coupes, on remarque de minces lames de calcaires fins blancs étroitement imbriqués dans le Cristallin, évoquant bien des remplissages de fissures (et non des écaillages tectoniques). Outre les coupes où l’Oxfordien est épais et celles où il y a repos direct du Malm supérieur (ou le Néocomien?) sur le socle, d’autres se caractérisent au niveau de l’Oxfordien inférieur-Argovien par des faciès différents et une épaisseur réduite: les schistes noirs, épais de quelques mètres passent à des bancs rubanés ocreux à lits siliceux et silexites bien développés, puis à des calcaires parfois franchement noduleux et avec des passées encrinitiques et brèchiques (à dolomies); ces calcaires noduleux recèlent des Ammonites, trop mal conservées pour permettre leur détermination.
2. COMPARAISON AVEC LA COUPE DU PIC DU GRAND-RENAUD (fig. 2).
Au Pic du Grand-Renaud, la succession, considérée antérieurement ([1], [2]) comme complète jusqu’au Néocomien bien que réduite en épaisseur est, en fait, très proche des précédentes : 3. EN DÉFINITIVE,
il ressort de la comparaison de ces différentes coupes que la sédimentation de ce secteur est caractérisée par les faits suivants : 4. EN CONCLUSION, le massif du Rochail-Lauvitel, prolongeant le massif des Grandes-Rousses vers le Sud, constituait, au Malm, un haut-fond créé par le basculement progressif vers l’Ouest d’un bloc de Socle [3]. Il était grossièrement allongé NS entre le demi-graben du col d’Ornon et de Bourg-d’Oisans [4], qui le borde à l’Ouest, et le bassin plus subsident, de Venosc, où le Lias et le Dogger, qui y sont seuls connus, ont des épaisseurs fortes et recevaient des brèches et des olistolithes [5]. Tant par l’importance de la lacune qui s’y manifeste avant le Malm que par les faciès noduleux qui y apparaissent, la succession décrite tend à se rapprocher de façon notable de celle de la zone briançonnaise, voire de la zone d’Acceglio où le Malm (probable) est transgressif sur le socle. En fait ces nouvelles données confirment que la zone dauphinoise présentait sur toute sa longueur, des domaines à caractères «pseudo-briançonnais », comme cela ressortait déjà de diverses observations : olistolithes de quartzites supposés triasiques avec encroûtements de Malm calcaire au Nord de l’Arc ([6], [7]), transgressivité de l’Oxfordien et/ou du Kimméridgien-Tithonique sur des séries très réduites du Lias-Dogger, sur le Trias ou sur le socle en Maurienne, en Beaufortain, à l’Est du massif du Mont-Blanc ou sur le massif des Aiguilles Rouges [8]. Enfin, on doit souligner que la tectonique en extension considérée comme caractéristique de la période de « rifting » ne se limite pas au Lias-Dogger mais se manifeste encore au Malm au moins dans les rares secteurs de la zone dauphinoise où les terrains de cet âge ont été conservés. A ce titre, la région du haut Valsenestre est particulièrement intéressante car elle permet d’observer les relations entre la disposition du socle et les dépôts du Malm, ce qui est exceptionnel. Notes.
1. Les déterminations paléontologiques des fossiles, dont certains récoltés en compagnie de J. Debelmas, ont été faites par R. Mouterde (Lias-Dogger), F. Atrops et R. Enay (Malm). Bibliographie.
[1] J. REBOUL, Trac. Lab. Géol. Grenoble, 38, 1962, p. 121-146. |
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